Résister à l’évidence : pourquoi est-ce si difficile de reconnaître qu’on va mal ?
- Galliléo
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture

"Je suis fatigué(e), mais ça va passer."
"Je n’ai plus d’envie… mais c’est juste une mauvaise période."
"Je ne peux pas me plaindre, j’ai un poste stable, un bon salaire…"
Ces phrases, nous les entendons souvent. Et parfois, ce sont même les nôtres.
Au fil de nos accompagnements, nous avons observé que beaucoup de personnes savent, au fond d’elles-mêmes, que quelque chose ne va pas… mais elles n’arrivent pas à l’admettre. Ou du moins, pas tout de suite.
Alors, pourquoi est-ce si difficile de se dire (et de dire aux autres) "je ne vais pas bien", de reconnaître qu'on va mal ?
Les mécanismes du cerveau qui nous protègent (et nous freinent)
Notre cerveau est conçu pour nous maintenir en sécurité, pas pour nous rendre heureux.
En situation d’inconfort, de stress ou d’incertitude, il active des stratégies automatiques pour éviter la douleur psychique ou émotionnelle. Ces stratégies portent un nom : les mécanismes de défense.
Voici les plus fréquents :
1. Le déni
C’est un mécanisme inconscient de protection. On minimise, on évite de regarder la réalité en face. "Ça va, c’est juste une mauvaise passe."
But : protéger son identité, éviter la remise en question trop brutale.
2. La dissonance cognitive
Lorsqu’il y a un écart entre ce que l’on pense et ce que l’on vit, le cerveau va chercher à "réconcilier" les deux.
"Oui, je suis épuisé(e ), mais au moins j’ai un bon salaire."
"J’ai coché toutes les cases, je ne devrais pas me plaindre."
But : réduire le malaise intérieur en ajustant (ou en déformant) la perception.
3. La sidération ou figement
Face à une situation perçue comme incontrôlable, notre cerveau peut activer une forme de "paralysie".On sait que ça ne va pas, mais on n’arrive pas à bouger. On se fige.
But : éviter de prendre des risques immédiats en maintenant le statu quo.
4. La fuite en avant
Travail en surcharge, hyper-investissement, multitâche… on s’occupe pour ne pas ressentir.
"Je ne peux pas m’arrêter, je dois tenir."
But : compenser un malaise intérieur par l’action extérieure.
Ces mécanismes ne sont pas des faiblesses. Ce sont des fonctionnements adaptatifs. Le problème, c’est quand ils durent… et empêchent toute prise de conscience.
Les injonctions sociales et personnelles qui enferment
Au-delà des mécanismes internes, nous portons aussi des règles implicites, des croyances héritées ou acquises, qui nous maintiennent dans le silence.
Par exemple :
"Tu as un CDI, sois reconnaissant(e)."
"Les autres y arrivent, pourquoi pas toi ?"
"Il faut être fort(e), professionnel(le), fiable."
"Ce n’est pas grave. Ça ira mieux après les vacances."
Ces injonctions sont parfois invisibles, mais elles sont puissantes. Elles nous empêchent de nous écouter vraiment.
Elles entretiennent l’idée qu’aller mal = échouer, ou qu’il faudrait attendre d’être "vraiment au bout" pour faire quelque chose.
Or, reconnaître son mal-être, ce n’est pas un aveu de faiblesse.
C’est une prise de conscience lucide. Et surtout, un point de départ vers un réajustement salutaire.
Reconnaître qu'on va mal, c’est prendre un risque… émotionnel
Dire "je ne vais pas bien", c’est :
Affronter sa propre peur du changement.
Risquer de décevoir (ses proches, son manager, soi-même).
Accepter de ne plus correspondre à l’image de la personne qui gère, qui tient, qui réussit.
C’est un déplacement intérieur inconfortable. Et dans une société qui valorise la performance, la constance, l’image… ce geste peut sembler subversif.
Mais c’est aussi un acte de courage. Et peut-être, de commencer à écrire autre chose.
Reconnaître qu’on va mal… un premier pas vers le mieux ?
On ne résiste pas à l’évidence par faiblesse. On y résiste parce que notre cerveau, notre histoire et notre environnement nous y poussent.
Mais on peut apprendre à écouter les signaux faibles, à poser des mots avant que ça casse. Et surtout, à s’autoriser à changer sans attendre l’effondrement.
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